Avril

Samedi 4 avril
Réception des parents B pour le week-end, après une longue période de densité pédagogique, entre groupes de pompiers clairsemés pour préparer les épreuves écrites et orales et les apprentis brancardiers, parmi lesquels d’horripilants profiteurs au je m’en foutisme exacerbé.
Pour la semaine à venir que de l’administratif, ce qui va me permettre de replonger dans l’existence de Léautaud via son Journal et diverses analyses. Une façon de faire ressurgir, avec plus de précision, les liens qui m’unissent au diariste avant l’entretien de vendredi prochain avec Benjamin Roussel.
Vu jeudi soir, à la salle 3000, le vieillissant Al Jarreau. Touchant humainement, mais une prestation décevante. L’artiste apparaît tout malingre, le visage gonflé (par un traitement ?) et la voix mal assurée. Une jeune femme partage avec lui la scène pour venir, le cas échéant, suppléer les carences vocales du chanteur. Des musiciens performants l’entourent, mais le son trop bas, peut-être pour qu’Al Jarreau le supporte, empêche toute réelle symbiose avec le spectacle.

A l’occasion du soixantième anniversaire de l’OTAN et de la réintégration de la France dans l’un des commandements, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis, peu de temps après le G20, pour accueillir symboliquement la France. Vingt-huit nations, mais l’une d’elle, via son dirigeant, se distingue par la pire des incorrections : Berlusconi, qui a récemment intégré des fascistes dans son gouvernement hétéroclite, loupe les trois quarts des cérémonies pour se consacrer à un coup de téléphone semble-t-il primordial. Alors que les autres suivent scrupuleusement le programme établi, l’affairiste politique, gominé et teinté de près, se distingue de la plus minable façon. Nous saurons, dans les prochains jours, si le sujet le justifiait.



Dimanche 5 avril

Je profite du calme à venir volet pédagogique pour vagabonder entre les décennies Léautaud et les événements symboles de la crise économique post 1929.

Première découverte : l’auteur du Journal littéraire, lorsqu’il collaborait à l’étude de Me Lemarquis, administrateur-liquidateur, en 1902, a posé les scellés rue Aubert dans l’affaire Humbert-Crawford. Une institution financière, destinée à alimenter le train de vie somptuaire de Mme Humbert née d’Aurignac, avait abusé son monde lors du mariage de la dame, laissant entendre qu'une dot considérable, cent millions d’alors, était consignée dans un coffre sis dans l'hôtel particulier, 65 avenue de la Grande Armée à Paris, le temps de régler le contentieux de la succession Crawford avec les neveux du testateur. En fait, rien de la succession n’existait et le coffre n’accueillait que de la peccadille… mais la dame Humbert s’affichait toujours avec l’apparente richesse maximale, celle financée par l’apport des « niais » (selon Léautaud) qui croyaient à des rendements pharamineux. Une Madoff avant l’heure qui a abusé des si coupables penchants à la goinfrerie financière. Les victimes n’ont donc pas plus de valeur que leur spoliateur.

Le krach du 24 octobre 1929 n’aura de conséquences perceptibles en France qu’en 1931, tout comme aujourd’hui on nous assure que le matelas social du système de redistribution français atténue les effets de la crise économique. Cela n’empêche pas un scandale financier bien français. Fin 1930, la banque Oustric est liquidée suite à la gestion sans scrupules de son fondateur Albert Oustric. Les appuis politiques dont il a bénéficié, notamment celui de Raoul Péret, finit de discréditer la classe politico-financière aux yeux de l’opinion publique.

Changement d’ambiance en 2009 : les détenteurs de l’exécutif prennent bien garde de se désolidariser des perversions financières, quitte à sombrer dans la bouc émissairisation populiste…

S’imprégner des temps anciens pour mieux saisir la mécanique humaine des drames présents, cela édifie et conforte davantage ma thèse, mise en exergue sur mon site Crise financière ? Débâcle humaine ! : ce n’est pas le système en place qui incline au pire les comportements, mais la nature humaine de certains qui dénature et vicie le système.



Vendredi 10 avril

Vers 17h. Sorti de l’interview de Benjamin Roussel sur Paul Léautaud. Me voilà à la terrasse d’un café où, dans le pire de mes années 90, j’avais laissé s’écouler quelques délires mal maîtrisés auxquels s’ajoutait un œil douloureux que j’extrapolais purulent : Le Bonaparte à la devanture imposante.

Très agréable, mais un peu stressant moment que cet entretien filmé dans un cossu quatre étoiles, à taille intime, L’Hôtel rue des Beaux-Arts, lieu privilégié d’Oscar Wilde pour ses repos parisiens. La relecture de mes sélections du Journal littéraire, en 1987, alors que je découvrais l’œuvre, me fait tomber sur un hommage à Wilde, singulière personnalité appréciée par le bourru du Fontenay. Réalisateur manifestement heureux de cette trouvaille…

Prestation abondante de ma part, peut-être un peu trop à mon goût, au risque d’une indigestion pour les téléspectateurs à venir. Pour Roussel tout a semblé convenir. A la fin de l’échange, il me confie n’avoir pas retenu Edith Silve pour nourrir ce documentaire, car elle lui est apparue « folle » dans sa façon d’être, ce que n’a pas empêché sa volonté captatrice, souhaitant tout contrôler jusqu’à exaspérer et tentant de se faire rémunérer pour l’intervention envisagée. Le jeune réalisateur en a été écoeuré, préférant renoncer à l’intégrer. Question judicieuse de sa part : d’où tient-elle, alors qu’elle n’a connu ni Léautaud ni même Marie Dormoy, le titre d’exécutrice testamentaire du feu réfractaire ? Un tel enclin pour les petits coups médiocres en voulant impliquer de prétendues relations littéraires détonne tant avec les pratiques du père Léautaud qu’il la ratatine de facto à une usurpatrice de fonction sans doute via la SPA, légataire universelle des écrits du bougon misanthrope. Dérisoire antichambre d’une saprophyte qui a cultivé sa fantomatique importance serinée sur la bête littéraire. Elle détiendrait ainsi plusieurs inédits de Léautaud…



Dimanche 12 avril

Foutez-lui la paix !

Qui d’autre veut se payer du Perret ? Le sujet croustille et fait s’émoustiller le journaliste en quête d’un bon coup : brûler l’idole consacrée qui vit les dernières années de son bonheur d’artiste accompli. Le gouailleur se serait inventé une relation cordiale avec le vieux Léautaud qui, dix-huit mois plus tard, demandera dans un ultime souffle qu’on lui foute la paix.

En 1986, lorsque reparaît son Adieu, Monsieur Léautaud, Pierre Perret est un artiste célébré. Qu’il se soit vanté auprès de Brassens, des décennies plus tôt, de cette singulière rencontre, pourquoi pas, mais le vrai scandale n’est pas là. Au contraire, si invention a existé et s’est perpétuée, cela a eu le mérite de faire connaître à un plus large public l’œuvre du réfractaire. A mon très humble niveau, je rédigeais alors un article dans le journal du lycée de Cergy Saint-Christophe, hommage à l’initiative de Pierre Perret et occasion inespérée de prendre prétexte de l’actualité littéraire pour évoquer mon écrivain favori auquel je consacrais, dix ans plus tard, un travail universitaire.

Alors, Perret, coupable ? L’article du Figaro (resucée de celui du Nouvel Obs du 29 janvier 2009) le flingue en cinq actes, à la façon d’une médiocre pièce de boulevard qui aurait donné l’occasion à Léautaud, alias Boissard, de délivrer une magistrale digression après la fustigation de son auteur en deux phrases aux vifs mouvements. On sent derrière cette agitation la volonté d’un infect petit univers de ne surtout pas laisser à ce chanteur populaire la liberté de se revendiquer une filiation intellectuelle avec leur Léautaud.

Alors poussons au bout pour révéler la mesquinerie de ce milieu qui aurait fait s’indigner le pamphlétaire – encore un vocable que les exégètes consacrés ne vont sans doute pas adouber. Se prépare un documentaire sur le bougon de Fontenay : là où un Pierre Perret aurait apporté sa notoriété, son allant et sa joyeuse vivacité, une cabale s’est érigée pour empêcher qu’il soit de la partie. Médiocre chantage à la clef…

En revanche, cela n’aurait gêné aucun des biographes de Léautaud qu’Edith Silve se répande en éloges naphtalinés alors qu’elle empêche la publication de manuscrits et de « plus de 600 pages de journal restées inédites », ça le journaliste du Figaro n’en est pas choqué. Quelle légitimité a donc Mme Silve pour décider ce qui doit ou pas être publié, hormis le fait de s’être acoquinée avec la SPA légataire des manuscrits du diariste ? Le scandale littéraire n’est-il pas plutôt là ?

Comme il pourrait être dans la censure, jamais dénoncée, pratiquée par feue Marie Dormoy, l’exécutrice testamentaire de Léautaud qui a surtout exécuté l’intégrité du Journal littéraire en s’érigeant censeur officiel. N’est-ce pas là qu’est l’injure véritable à l’écrivain qui n’admettait aucun retrait de ses chroniques, préférant mettre un terme à la collaboration du moment. Dormoy, elle, a préféré préserver ses relations avec quelques influents du milieu littéraire, et surtout ne pas se les mettre à dos, en retirant de la publication du Journal les piques incendiaires. N’est-ce pas cela qui doit révolter : cette complaisance cultivée avec un cercle relationnel tout en se revendiquant fidèle à l’écrivain sans concession ? Elle a donc appliqué un principe indigne : laisser la liberté aux écrits de Léautaud jusqu’à la limite de ses propres intérêts. Là, il y a de quoi vomir !

Au regard de ces comportements, le pétard mouillé du Nouvel Obs repris par Le Figaro semble dérisoire : un écart avec la vérité, Pierre Perret l’a peut-être pratiqué, mais ce n’est en aucun cas une insulte à ce qui fondait l’existence et les pensées de Paul Léautaud. Alors, qu’Edith Silve et la SPA laissent publier l’intégralité de ce qu’elles retiennent, et nous pourrons alors évoquer sereinement le cas Perret, quitte à lui tirer affectivement le lobe d’une oreille…



Mardi 14 avril, au soleil de Fontès

La maisonnée estivale de maman et Jean présente une belle forme extérieure achevée, alors que son insolite voisine, caprice irrationnel d’un couple baba cool, s’éternise dans l’inachèvement. Des finances à sec et un mal de dos récurrent du mari paralysent le projet écologique, avec sa façade vitrée encore ouverte aux vents, qui fait ressembler la haute demeure à une construction de bureaux plus qu’à un logis de particuliers. Ils viennent de nous saluer… charmants au demeurant.

Pour nous, l’objectif est moins titanesque : poncer et peindre la pièce principale à vivre.

La relecture, dans ce Journal, du premier jet de Foutez-lui la paix ! me fait prendre conscience de l’écriture aux lignes folles qui courent le long de lignes non respectées. L’inspiration, lente à venir pour ce texte, m’a ensuite pris au dépourvu, la main ne parvenant à suivre les phrases émergées qu’au prix de délires graphiques.



Mercredi 15 avril, grisaille et vent

A notre entrevue improvisée, vendredi dernier à Paris, mon père se confie un peu sur son escapade au Mexique à la fin des années 80, qui devait se conclure par un non retour. Période de tourments et de sentiments antagonistes, à l’image du bonheur pris à la découverte de sites époustouflants tout en étant tenaillé de remords en songeant à ses enfants dans l’ignorance totale de son initiative éperdue.

J’écoute sa narration en tentant de me remémorer mon état d’esprit d’alors – maman lui vouait un profond ressentiment de cet abandon de fait – : rien ne me revient. Toujours cette diffuse indifférence aux êtres et aux événements qui devraient m’affecter. Trop égocentré pour me laisser toucher par l’alentour. Les circonstances font et défont les liens sans que j’en souffre, sans qu’un manque essentiel mine mon existence. Sans doute que l’équilibre de vie qui se déroule avec ma BB renforce ma relativisation du reste.

Deux personnalités féminines subsistent comme des rencontres cardinales que j’aurais souhaité pérenniser : Aurore la première, le coup de foudre initial, au charisme puissant, enveloppant, qui vous étourdit et fait passer le reste de l’univers au second plan, tel un improbable épiphénomène ; Shue la déesse persane, alliance de beauté rare du visage et d’une intelligence de la situation sans pareille, rencontrée au détour d’une allée de la majestueuse bibliothèque nationale sis alors rue de Richelieu, comme une apparition… Voilà les deux figures essentielles par la densité humaine exhalée.



Jeudi 16 avril

Peintures à l’esthétisme pastel pour la grande pièce principale : alternance de deux coloris (jaune d’un pâle éclatant et abricot léger) qui se complètent pour un esthétique résultat. Le plafond n’a pas eu le blanc de qualité unie qui aurait parachevé l’espace à vivre. Semaine de dépaysants labeurs qui file à toute vitesse.

La coupure purgative d’avec l’actualité est totale depuis lundi, et jusqu’à samedi. Les hystéries et monomanies de crise claironnée et entretenue n’ont plus aucune résonance… La vie recentrée sur l’affectif de proximité calme son rythme artificiel et ne se charge que de l’essentiel pour un bien-être perpétué.



Vendredi 17 avril

Quelques bribes rapportées d’une radio allumée pour le petit déjeuner : les séquestrations d’employeurs se multiplieraient en France. D’un cas isolé, et qui aurait pu être sanctionné tel que le prévoie le code pénal, la fanfare des médias en fait un exemple (condamné ou pas) pour tous les salariés menacés de licenciement. Certes, les plans sociaux justifiés par la crise économique mondiale deviennent le sport entrepreneurial en vogue, mais cela autorise-t-il l’impunité de ceux qui s’en estiment victimes ? La voie judiciaire devrait être la seule qui permette le rétablissement dans ses droits. Laisser s'opérer, puis tolérer la négociation par la force, par l’entrave à la liberté du prétendu fautif, c’est la première étape d’un délitement de l’Etat de droit, avant l’implosion du système social et le règne de la loi du plus fort.

Sans doute notre pays n’ira pas jusque là tant que le système bancaire et la redistribution sociale fonctionneront, mais ces entorses à la légalité commune préfigurent une dégradation durable des conditions de vie collective.

Certaines voix politiques, jusque dans les rangs de partis de gouvernement, se complaisent dans la dangereuse compréhension des séquestrations. Les mêmes nous expliquent la légitimité de rémunérations exorbitantes de footballeurs, qui distraient la masse grognonne, tout en vouant aux gémonies les dirigeants de multinationales françaises qui perçoivent des sommes comparables à celles des coureurs du ballon rond. Le populisme de gauche est là tout entier ! Accorder du crédit aux simplismes d’une population à bout qui ne souhaite qu’une seule chose : que surtout le système de fond ne change pas, qu’il redevienne la vivable vitrine d’avant la crise des subprimes, celle où chacun s’excitait pour augmenter son sacralisé pouvoir d’achat (des fonctionnaires le réclament d’ailleurs toujours, lors de manifestations hétéroclites, ne se rendant pas compte du grotesque et de l’indécence de leur revendication dans le contexte social du moment).

Alors, sans doute, faudrait-il purger, à l’échelle mondiale, les établissements financiers et les plus grosses sociétés coupables de pratiques délictueuses, accueillant des êtres obnubilés par l’amassement pécuniaire jusqu’à l’obscénité provocatrice. Mais les remplacer par quoi et par qui ? Qui peut affirmer que la vertu se concentre de telle manière chez les partisans d’un autre monde que leur confier les rênes d’une utopique direction mondiale résoudrait l’essentiel des maux de notre civilisation économique ? Leurre d’autant plus dangereux qu’il se pare de l’humaniste générosité. L’histoire récente a connu ce genre de subterfuge idéologique qui cumule sur des décennies des dizaines de millions de cadavres. On est là dans une dérive autrement plus dramatique que les quelques plans sociaux qui n’empêchent personne de se lancer dans la création d’une activité. La liberté des uns, en l’occurrence les patrons, n’a jamais entravé celle de ceux dont ils louent (pour un temps limité, par définition) la force de travail et qui peuvent à leur tour passer la frontière imaginaire et devenir eux-mêmes entrepreneurs individuels, voire employeurs.

L’étatisation de l’économie, sous couvert de protection des plus faibles, n’a elle produit que paupérisation généralisée au profit d’un petit groupe et la déresponsabilisation de tous ceux qui vivent par cet Etat interventionniste.



Mardi 21 avril

Ambiance de monde sans repères où la tension sociale relayée par les médias prend des formes plus radicales.

Ce soir, au Grand Journal de Canal +, le témoignage de deux anciens traders présentés comme repentis, chacun ayant clos ce pan d’existence par un ouvrage. L’air épanoui, ils racontent cette époque d’immoralité poussée jusqu’à l’illégalité pour répondre à l’objectif premier : combler son insatiable cupidité. De magnifiques salopards cocoonés sur ce plateau de TV, alors qu’ils auraient été étripés sur place par quelques partisans éméchés du NPA…

L’ONU vient encore de déféquer sur les valeurs fondamentales qu’elle prétend défendre, et Kouchner de se ridiculiser un peu plus par sa déclaration d’optimisme imbécile.

La Conférence sur l’antiracisme devient la tribune du puant Ahmadinejad qui a, sur le plan intérieur, son siège à sauver lors des très proches élections. La France aurait pu se dispenser d’assister à cette sinistre mascarade, comme l’a décidé une majorité d’Etats de l’UE. A vouloir se distinguer à tout prix des pays qui nous sont le plus proche, on finit par se rapprocher malgré nous des Etats fripouilles. Curieuse gloriole.



Samedi 25 avril

Vu un téléfilm sur l’affaire Salengro, ce ministre de l’Intérieur du gouvernement Blum qui s’est suicidé par trop d’attaques diffamantes. Un parti pris du réalisateur Yves Boisset de présenter les hommes politiques du Front populaire sous leur meilleur jour, alors que Maurras, Léon Daudet, Béraud et autres extrémistes apparaissent dans leur grotesque, leur vilenie leur médiocrité crasse.

Ce qui m’aurait irrité dans cette subjectivité idéologique me laisse aujourd’hui de marbre, voire me réjouit. Plus rien à foutre de camper artificiellement dans un camp qui ne répond plus à mes aspirations de fond.



Dimanche 26 avril

Fini de visionner, ce soir, Milice, film noir qui retrace l’abjecte dérive des hommes de Darnant. Ce temps de tourments n’aurait sans doute pas réveillé en moi la fibre d’une résistance active, je n’ai pas le caractère suffisamment combattant pour cela, mais, à l’inverse, je me crois allergique à ces collabos malsains qui font leur carrière sur la chute d’une nation dépecée par les nazis. Une passivité morose, voilà probablement ce qui m’aurait animé, avec peut-être une liberté d’écrire dans le secret. Notre époque est, pour l’instant, infiniment plus sécurisante…

Une pensée, avant de retourner dans les pages de Minc, au Gran Torino d’Eastwood. Cette fin d'existence du personnage abrupt qui choisit de sacrifier sa vie pour permettre aux deux victimes du gang assassin de vivre en paix, bouleverse, hante par la dimension humaine. Le réalisateur-comédien, lui-même en fin d’existence, a rendu, avec une extrême intelligence des caractères, l’évolution – ou la révélation – de la nature humaniste d’une vieille brute au discours raciste. Un chef d’œuvre, simplement.



Mercredi 29 avril, 22h47

Hypocrisie minorante de la réalité chez certains invités de Calvi dans un C dans l’air consacré au Gang des barbares et à son abjecte figure de proue, le sordide Fofana, à l’occasion de leur procès. Aux questions, plus ou moins rhétoriques, de téléspectateurs qui se demandent si Fofana n’est pas devenu une icône dans certaines cités et/ou pour certains profils sociologiques de population, les experts sociologues, notamment, ne l’affirment pas nettement, renvoyant cela à une ultra minorité. Pas si sûr… et si cela n’est pas un phénomène de masse à l’échelle locale, cela implique les plus actifs, les plus agissants dans les quartiers concernés.

Les groupes de formation au métier de brancardier financés par le Conseil régional ont accueilli une majorité de stagiaires complaisants, pour les moins engagés, à admiratifs pour les pires, de l’assassin tortionnaire.

On feint de ne pas voir cette fracture civilisationnelle au sein même de notre société artificiellement tenue et médiatiquement dissimulée. Un vrai potentiel de guerre civile en cas de dégradation accentuée de la conjoncture.

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